Les langages de modélisation facilitent-ils la communication ?

Cinq questions à propos de l’usage de langages de modélisation « système »

SysML, ou tout autre langage de modélisation graphique, apportent des conventions visuelles pour faciliter la communication. Néanmoins, ce langage pourrait bien être le langage de trop qui conférerait à une organisation l’instabilité d’une tour de Babel. Le risque est élevé si le déploiement esquive des questions déterminantes. En revanche, les poser est une occasion de renforcer les pratiques de communication des équipes.

 

Media Social Network Internet Technology Online Concept   1-  Quels sont les concepts ? Sur quoi reposent-ils ? Sont-ils structurés ?

Ces points visent à définir sans ambiguïté les concepts système de l’organisation, à les structurer, à questionner leurs relations, les synonymies, les homonymies : en d’autres termes, à définir un méta-modèle «système ». Ce méta-modèle reflète la culture et le langage de l’organisation même si, pour faciliter la communication en externe, il est recommandé de se référer aux standards internationaux et notamment à l’ISO 15288 pour les termes d’ingénierie système.

Une communication fluide repose sur la compréhension commune d’un patrimoine sémantique partagé.

 

Un méta-modèle pertinent par rapport aux objectifs de modélisation présente un périmètre et niveau de détail conformes aux attendus. Par exemple, si les objectifs portent simplement sur une démarche de décomposition fonctionnelle, le concept de fonction est probablement suffisant. Si les objectifs visent aussi à prendre en compte les valeurs des paramètres dans différents contextes de simulation, alors le méta-modèle devra être plus complexe.

Une communication efficace s’en tient aux concepts qu’elle vise à partager.

 

 Stylo plume et calepin vectoriels 1   2-  Du langage naturel au langage de modélisation, quelle méthodologie ?

Ensuite, vient la traduction du méta-modèle système dans le langage de modélisation. Il faut pour cela définir les règles de traduction pertinentes entre le méta-modèle «système » et le méta-modèle du langage et spécifier les règles de modélisation qui en résultent.

De plus, la construction des modèles doit être guidée par une méthodologie qui structure la documentation textuelle portée par les éléments de modélisation graphique (champs description des éléments). Sinon, les modèles risquent de se transformer rapidement en incompréhensibles fatras de boîtes et de flèches Ce point est des plus importants parce que ces descriptions en langage naturel capitalisent le cheminement intellectuel des équipes et la mémoire du modèle.

La modélisation n’exclut pas la rédaction, elle apporte des moyens d’expression additionnels.

 

En même temps, une bonne méthodologie pose, entre autres, la question de la gestion des relations entre les éléments de modélisation. Elle optimise sa prise en charge par les outils pour la rendre, autant que faire se peut, « transparente » aux utilisateurs. En effet, il est facile de créer des liens, mais les maintenir manuellement au travers des évolutions d’un projet peut se révéler très coûteux.

Elle prend aussi en charge le déploiement sur les outils et notamment le paramétrage des « templates » de modèles et des interfaces utilisateurs dans une perspective de facilité d’utilisation.

La modélisation est un support à la cohérence de la réflexion, elle n’est pas une expertise outil.

 

 Vervielfltigung   3- La méthodologie se propage-t-elle dans les équipes ?                             

L’élaboration des règles de modélisation et la méthodologie sont du ressort d’experts maîtrisant parfaitement les arcanes de la méta-modélisation. En revanche, la mise en pratique est du ressort d’ingénieurs dont les objectifs projets, le métier et l’expertise sont de construire des architectures système robustes. Il ne suffit pas que la méthodologie soit bonne. Le succès de son appropriation par les équipes, passe par une communication basée sur des exemples concrets du domaine de l’organisation. Tous les moyens de communication sont à prendre en compte : formations en ligne et en présentiel, guides pratiques, publications dans le système de gestion des connaissances de l’entreprise….

La modélisation demande un apprentissage méthodologique et les moyens d’apprendre.

 

Cd Space Means Compact Disc And Cd-Rw   4- Au fond, qu’est-ce qu’un modèle, quel rapport avec l’expertise collective ?                                                  

Un modèle est un ensemble organisé d’unités sémantiques (éléments de modélisation) et des liens entre ces unités qui, eux aussi, sont porteurs de sens. Un modèle est donc bien plus qu’un simple recueil de diagrammes visuels. Néanmoins les diagrammes font partie du modèle, ils sont des éléments de modélisation particuliers. Ils mettent en exergue différents sous-ensemble des liens, donc de connections intellectuelles, selon différents points de vue.

En ingénierie système, discipline collaborative par définition, un modèle ne peut être élaboré en vase clos même si la plume, ou en l’occurrence la souris, est confiée à un nombre restreint de personnes. Un modèle enregistre et restitue les résultats d’ateliers de travail interdisciplinaires. Lorsqu’il est en voie de finalisation, la complémentarité des diagrammes et au-delà, la cohérence de l’ensemble du modèle sont vérifiables et témoignent de la cohérence des réflexions.

Un modèle est un moyen de capitalisation de la réflexion collective et d’évaluation de la maturité.

 

 Architektur and himmel  5 – Un modèle est-il un livrable ?  Pour qui, pour quoi faire ?                  

Un modèle capitalise les résultats de nombreuses activités des processus de définition. Un même modèle peut ainsi s’enrichir, d’évolutions en évolutions tout au long d’un projet.

Qui dit « résultat d’activité », dit « livrable ». Qui dit « livrable », dit « utilisateurs du livrable » et ceux-ci sont nombreux en définition de système. Ils n’ont certainement pas tous vocation à apprendre un langage de modélisation spécialisé. Mais les modèles supportent l’extraction de vues selon différents formats, y compris les formats traditionnels de la « bureautiques ». Lorsque la structure et le paramétrage des modèles sont conçus pour en extraire des vues spécifiées avec les utilisateurs, alors la restitution des connaissances à partir de modèles peut s’adapter à des besoins différents.

Un modèle est une base de restitution de vues adaptées aux besoins de communication.

 

Françoise Caron, EIRIS Conseil.

 

Cet article est le premier d’une série trois consacrée au déploiement du MBSE. Pour être averti de la parution des suivants, vous pouvez suivre notre page LinkedIn.

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